Francia: Le prix de la pomme de terre va-t-il continuer à augmenter ?
Depuis l’été dernier, le prix du kilo de pommes de terre n’a jamais été aussi haut. En cause : des stocks au plus bas après une récolte « catastrophique » en raison de la sécheresse en 2022.
Alors que les arrachages se poursuivent jusqu’à la fin du mois d’octobre, et que de meilleurs rendements sont attendus cette année, des incertitudes persistent chez les producteurs.
Plus de deux euros le kilo. Cette barre symbolique du prix au kilo de la pomme de terre de conservation a été franchie en juillet dernier. Et n’est pas redescendu depuis : selon l’Insee, le prix moyen de vente au détail était de 2,09 € en septembre 2023, contre 1,70 € le kilo un an plus tôt en septembre 2022.
L’augmentation est également conséquente pour les produits à base de pomme de terre. Selon les chiffres publiés par le Comité interprofessionnel de la pomme de terre (CINPT), cette hausse a été de 30 % pour les frites entre août 2022 et août 2023, 27 % pour les pommes de terre au four…
Des stocks au plus bas après la récolte de 2022
Pourquoi une telle hausse pour cet aliment incontournable de la cuisine ? Les explications sont d’abord à trouver du côté de la récolte de l’année dernière. « Elle a été catastrophique, on n’avait jamais connu des rendements aussi mauvais », pointe Geoffroy d’Évry, président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). En cause : la canicule et la sécheresse, qui ont épuisé les plants.
« Il faut aussi prendre en compte l’explosion des coûts de production depuis la guerre en Ukraine, et une demande sur le marché intérieur et à l’export qui continue d’augmenter. C’est un cocktail qui tire les prix vers le haut », explique Geoffroy d’Évry.
Pour le responsable de l’UNPT, « il n’y a pas de barre symbolique, la pomme de terre répond tout simplement à la loi de l’offre et de la demande. » Et d’ajouter : « elle reste très abordable. Quel autre produit frais peut nourrir une famille de quatre personnes à ce prix ? C’est une marchandise qui a surtout été longtemps sous-payée. »
Une meilleure récolte en 2023
La récolte de l’année 2023 est en cours, et doit se terminer d’ici la fin du mois d’octobre. Elle a débuté en juin dernier, avec les primeurs. Et elle devrait être bien meilleure que l’an passé (un rendement estimé à 43,6 tonnes par hectare, contre 39 tonnes en 2022), dans la moyenne quinquennale.
De là à voir les prix de la pomme de terre diminuer ? Ils devraient en tout cas se stabiliser, après les pics de cet été en raison de stocks au plus bas. « C’est une culture contraignante, risquée, qui demande des capitaux importants. Il nous fait maintenir des coûts de vente pour rentabiliser la production. Les producteurs ne peuvent pas les baisser, il faudrait déjà pour cela qu’ils arrivent à dégager des marges convenables », développe Geoffroy d’Évry.
Dans son viseur, la grande distribution : « c’est à elle de consentir des efforts ». Lors d’un achat d’un kilo de pommes de terre, 20 % du prix revient au producteur, 50 % au distributeur, 20 % aux négociants, les 10 % restants pour les taxes. « Si la grande distribution ne joue pas le jeu, les agriculteurs se détourneront du marché intérieur, et les consommateurs seront perdants », prévient Geoffroy d’Évry. Actuellement, c’est environ la moitié de la production de patates qui part à l’étranger.
La demande de l’industrie en hausse
Les producteurs pourraient bien également se tourner de plus en plus vers le marché de la pomme de terre transformée (frites, chips, plats préparés…) en plein essor. « C’est une tendance de fond, le monde entier veut manger des frites. L’agriculteur regarde dans quel marché il prend le moins de risques. Dans l’industrie, c’est contractualisé, alors que le marché du frais est plus volatil », précise le président de l’UNPT.
Aujourd’hui, les 17 000 producteurs français travaillent sur environ 200 000 hectares. Dans les années qui viennent, « il faudra 15 000 à 20 000 hectares supplémentaires » pour répondre à la demande industrielle, « tout en étant vigilants sur la ressource en eau et notre impact sur l’environnement ».
La consommation des Français, elle, reste stable : environ 50 kg par an et par habitant, de pommes de terre fraîches et transformées.
Fuente: https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/le-prix-de-la-pomme-de-terre-va-t-il-continuer-a-augmenter-1c79a14c-673e-11ee-a5bb-3c3a0f3f3a5e